Introduction
Lectures
«Une grande foule se réunit auprès de lui, des gens de diverses villes. Il dit cette parabole : Le semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin:elle fut piétinée, et les oiseaux du ciel la mangèrent.Uneautre partie tomba sur le roc;quand elle poussa, elle se dessécha, parce qu’elle n’avait pas d’humidité. Une autre partie tomba au milieu des épines;les épines poussèrent avec elle et l’étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre;quand elle poussa, elle produisit du fruit au centuple.En disant cela, il s’écriait:Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende! Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole. Il répondit:À vous, il a été donné de connaîtreles mystères du règne de Dieu;mais pour les autres, cela leur est dit en paraboles, de sorte qu’en voyant ils ne voient rien, et qu’en entendant ils ne comprennent rien.Voici ce que signifie la parabole:La semence, c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent;puis le diable vient enlever de leur cœur la Parole afin qu’ils n’aient pas la foi pour être sauvés. Ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent, accueillent la Parole avec joie;mais ils n’ont pas de racine, ils ne croient que pour un temps, et au temps de l’épreuve ils s’éloignent. Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui, après avoir entendu, sont étouffés en cours de route par les inquiétudes, les richesses et les plaisirs de la vie, etne donnent pas de fruits mûrs. Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la Parole avec un cœur noble et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance.»
Luc 8.4-15
«Ainsi, quiconque entend de moi ces paroles et les met en pratique sera comme un homme avisé qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont précipités sur cette maison : elle n’est pas tombée, car elle était fondée sur le roc. Mais quiconque entend de moi ces paroles et ne lesmet pas en pratique sera comme un fou qui a construit sa maison sur le sable.La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et sesont abattus sur cette maison:elle est tombée, et sa chute a été grande.»
Luc 7.24-27
Jésus compare l’auditeur qui reçoit et met en pratique le message à un sage qui bâtit sa maison sur le roc et à une terre qui reçoit et qui multiplie. Dans ce livret, les auditeurs sont les adolescents et les jeunes. Le prédicateur n’est pas celui qui décide de la qualité de son auditoire. Il n’est pas maître de la terre sur laquelle il va semer. Toutefois, il doit savoir que pour multiplier, la terre sur laquelle il sème doit être une bonne terre!
Définitions
Qu’est-ce que la multiplication?
La multiplication correspond à l’augmentation quantitative et numérique. C’est l’accroissement du nombre et de la quantité. C’est la répétition, l’accumulation, la reproduction, la prolifération. C’est une augmentation en intensité.
Qu’est-ce que l’adolescence?
L’adolescence, c’est, selon le CNRTL, l’âge de la vie qui suit l’enfance et qui s’étend jusqu’à l’âge adulte.C’est la première partie de la jeunesse, avec les transformations physiques et psychiques qui se produisent entre l’enfance et l’âge adulte.La jeunesse correspond à la période de la vie entre l’enfance et l’âge mûr chez l’homme, plus particulièrement la période qui va de la fin de l’enfance à l’adolescence ou qui suit l’adolescence.
Qu’est-ce que la prédication?
La Bible nous révèle qu’«[…] il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication»(1 Co 1.21). La prédication de l’évangile a pour but d’exhorter les auditeurs «[…] à renoncer à ces choses vaines, pour [se] tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve»(Ac 14.15). La Parole de Dieu prêchée est le moyen par lequel «nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ»(2 Co 10.5). C’est pourquoi Dieu suscite des prédicateurs de l’évangile pour répandre et annoncer la bonne nouvelle: «[…] j’ai été établi prédicateur et apôtre, chargé d’instruire les païens»(2Tm 1.11).
D’une certaine manière la prédication peut s’identifier à l’art de cuisiner. La personne qui cuisine dispose devant elle de plusieurs ingrédients, condiments et aliments qu’elle va patiemment travailler pour constituer un plat qui ravira les papilles de ceux qui le goûteront. Les gestes qu’elle met en œuvre ne changent pas la substance des produits utilisés. Un champignon reste un champignon, un œuf reste un œuf, le sel reste le sel. Mais le mélange du champignon, de l’œuf et du sel permet, quand elle est réussie,de manger une bonne omelette assaisonnée. Ainsi,le prédicateur est invité à travailler son message de façon à rendre le rendre consommable à ses auditeurs.
Le verbe français «prêcher» vient du latin praedicare qui veut dire «annoncer publiquement». C’est adresser des recommandations par des exhortations pressentes et réitérées. La prédication de la Parole de Dieu a donc un caractère exigeant pour qu’elle soit efficace. Dans la perspective biblique, la prédication instruit et éduque.
Dans le Nouveau Testament la prédication peut tour à tour désigner le fait de:
- Proclamer, lancer un appel, rendre une parole publique
- Évangéliser, annoncer une bonne nouvelle➢Témoigner, attester
- Exhorter, encourager
- Parler, prêcher
- Enseigner, énoncer, instruire
- Construire, édifier
La prédication est destinée à convaincre les non-croyants mais aussi à édifier et encourager ceux qui sont déjà engagés avec Dieu.La prédication est la mise en lumière d’un message divin. C’est le partage d’une parole qui se veut prophétique, c’est-à-dire, qui rend saisissable la pensée de Dieu.
Qu’est-ce qu’un pasteur?
Un leader? Dans son sens littéral, le pasteur est un berger qui s’occupe de garder, de prendre soin et de nourrir l’ensemble des brebis dont il a la responsabilité. Appliqué à la dimension ecclésiologique, le pasteur est donc le berger du troupeau de Dieu constitué par des êtres humains. La Bible affirme que Jésus est le berger de l’Église par excellence (Jn 10.14). Les soins prodigués et la nourriture apportée sont des images spirituelles des besoins quotidiens du peuple de Dieu. Donc d’une part le travail de ce ministère consiste à développer une relation privilégiée –au moyen par exemple d’entretiens, de visites et de la cure d’âme –avec chacun des fidèles de la communauté (Jn 10.2-3) afin de veiller à son bien-être et à son épanouissement. D’autre part il consiste aussi à conduire les chrétiens dans le bon chemin (Jn 10.4), à les défendre contre les loups ravisseurs (Mt 7.15) et à nourrir spirituellement les chrétiens au moyen de l’enseignement de la parole de Dieu (Dt 8.3). Du reste les auteurs bibliques comparent souvent leurs enseignements à de la nourriture : « je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ; et vous ne le pouvez pas même à présent » (1 Co 3.2). C’est pourquoi le pasteur doit avoir de solides et pertinentes connaissances pour expliquer et enseigner l’Écriture.
Le leader est aussi un berger. Il marche dans son expérience personnelle, dans son style de vie, devant le «peuple» afin de préparer le chemin pour eux qui les mènera, loin des dangers, dans de verts pâturages. Le leader est une personne à qui l’on confie la responsabilité de conduire, d’emmener et d’influence un groupe de personnes (enfants, adolescents, jeunes, femmes, etc.) ou un groupe de personnes œuvrant dans un même service (louange, ménage, sonorisation, etc.).Le leader peut avoir des fonctions semblables à celles du pasteur (encourager, conduire, enseigner, etc.). Un pasteur est,par définition,un leader tandis qu’un leader n’est pas nécessairement un pasteur.
Que prêcher ? Quoi prêcher ?
Capter la pensée de Dieu
Un des plus grands problèmes qui se soulève dans la préparation du message, c’est de déterminer si le message que l’on veut partager est le fruit de notre pensée ou de celle de Dieu. Comment déterminer si ce que l’on souhaite apporter vient de Dieu ou de soi? Tout se joue entre le prédicateur et Dieu. Avec le temps et de l’accompagnement, celui qui donne le message découvre l’importance d’être en paix. Quand le doute perdure, il faut insister auprès de Dieu pour recevoir une réelle approbation, visible par la paix qui demeurera alors dans le cœur.
En pratique, il est possible de recevoir une idée claire qui est ensuite confirmée par une conviction qui s’imprime de plus en plus dans le cœur ou alors par des confirmations extérieures (louange, chant, parole, témoignage, etc.).
Tout le monde est appelé à entendre la voix de Dieu mais tout le monde n’est pas appelé à la communiquer.
S’adapter à l’auditoire
En matière de prédication, le fond ne change pas, la Parole de Dieu reste la Parole de Dieu. Ce qui peut être adapté, c’est la manière de la communiquer. En fonction de l’auditoire, la forme du message doit être adaptée. Ainsi, lorsque l’on se présente devant des adolescents, il est important de connaître son auditoire pour ne pas éloigner par la forme du message un auditeur que le fond du message pourrait toucher. Il est important de réfléchir à la durée, aux exemples qui seront utilisés, au langage choisi,à la prononciation, à la mise ensituation et à l’application.
Les 4 sphères de la prédication
La prédication fait se croiser quatre sphères: la sphère technique, la sphère émotionnelle, la sphère spirituelle et la sphère prophétique.
De la compréhension et de la maîtrise de la sphère technique dépendent la bonne réception et la bonne compréhension du message prêché.
Cette sphère groupe tout ce qui concerne plus particulièrement:
- L’éloquence, la diction et la prononciation
- Le plan et la construction du message, l’argumentation, la rhétorique, etc.
- La prestance, la tenue vestimentaire, l’évolution dans l’espace, le rapport à l’auditoire
- L’utilisation d’outils tels que le micro, le pupitre, les supports multimédias, la Bible papier ou numérique, etc.
La sphère émotionnelle fait appel aux émotions de l’auditoire: a cours de son message, l’orateur peut faire naître ou appel aux sentiments de tristesse, de joie,de nostalgie, de culpabilité, etc. de son auditeur. C’est une sphère dont il faut connaître les avantages, les inconvénients et les dangers. Une décision prise sur le coup de l’émotion n’est pas toujours une décision pérenne.
La sphère spirituelle touche l’âme et le cœur. C’est dans cette dimension que se produisent les vraies convictions et les vrais changements, durables dans le temps (Cf. le semeur).
Enfin, puisque la prédication consiste à partager une pensée de Dieu, elle est amenée à dévoiler le secret des cœurs ou révéler des vérités cachées.Dans cette sphère prophétique, il faut distinguer trois phases:
- Le temps ou Dieu parle à l’orateur
- Le temps ou l’orateur parle de la part de Dieu
- Le temps ou la Parole prêchée accomplit son effet
Construction d’un message
Choix du thème
La Bible permet d’aborder tous les thèmes possibles qui permettent de parler à un adolescent. Dans l’Ancien, comme dans le Nouveau Testament, il est facile de trouver des enseignements, des promesses, des histoires et des commandements à partager aux jeunes. Attention, toutefois, à ne pas utiliser la Bible comme un prétexte pour dire ce que l’on veut.Un texte hors de son contexte est un prétexte! Pour préparer un message, il faut prendre le temps de lire le passage retenu dans plusieurs versions de la Bible pour bien comprendre les nuances du texte. En effet, la Bible n’a pas été écrite en français, mais en hébreu, en grec et en araméen. Un mot n’a de sens que dans son contexte. On ne peut pas faire tout un message avec un mot sans prendre en compte le contexte. Certains mots ont plusieurs sens: la pièce de monnaie, la pièce de voiture, la pièce pour se reposer; le cadre d’entreprise, le cadre de vélo, le cadre pour un tableau. Si le contexte n’est pas analysé,il est fort possible de dire de grosses bê tises.
Préparation d’un message
Prêcher, ce n’est pas dire spontanément ce que l’on a sur le cœur. La prédication demande un travail de lecture, de méditation, de recherche et de formulation. Chaque message devrait comporter une phase de recherche et de réflexion. Il faut compter environ une heure de temps de travail pour livrer une minute de prédication.
Organisation et structure
Quand il s’adresse aux adolescents, le message prêché ne devrait pas dépasser 25 minutes. Au-delà, les jeunes finissent par décrocher et laisser leur esprit vagabonder. Le message doit être structuré et dynamique pour atteindre son objectif. Il faut un titre, un ou deux points principaux à développer et une conclusion.
Titre
Avoir un titre n’est pas obligatoire, mais comme l’objet d’un email, il sert, en une phrase, à connaître le contenu. Ce que l’on veut prêcher devrait pouvoir se résumer en une phrase. (Exemple: Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé!)
Introduction
L’introduction ne doit pas être trop longue. Elle doit accrocher l’auditoire et annoncer les points qui seront développées.Le message peut (devrait?) donc commencer par une lecture (passage biblique, article, faits divers, point d’actualité, etc.). Il peut commencer par un autre type d’accroche (vidéo, image, danse, sketch, mise en situation, interpellation de l’auditoire, etc.). Le message doit toujours être centré sur la Bible.Il ne s’agit pas de faire dire quelque chose à la Bible, il s’agit de partager ce que la Bible dit.
Points développés
Chaque point développé est basé sur le texte biblique. Il doit détailler un argument appuyer d’un exemple ou d’une anecdote. Les illustrations ou les anecdotes peuvent être très utiles mais il ne faut pas oublier qu’elles font partie du domaine de l’expérience d’une personne à un moment donné. Il ne faut pas trop en donner.
La conclusionet l’appel
La conclusion est une phrase orale qui résume en quelques mots les points clés abordés précédemment. Elle devrait conduire l’auditeur à une remise en cause, une décision ou une résolution.Sans que cela ne soit systématique, il est possible d’interpeller son auditoire au moyen d’un appel. C’est un temps très fort de prise de décision. Il ne faut pas le bâcler, ni l’improviser. Particulièrement quand l’auditoire est constitué d’adolescents.
Un don demande du travail
Le don que l’on reçoit demande du travail. Beaucoup de travail. On ne naît pas prédicateur, on le devient par l’appel, la reconnaissance et par le travail personnel.
Un leader de jeunesse doit avoir des connaissances solides et se former de manière sérieuse. Le leader ne peut pas seulement dire ce qu’il a sur le cœur, ce qu’il pense ou ce qu’il a entendu. Le danger est réel, sans précautions d’usage et sans travail, la prédication, dans le meilleur des cas de produira aucun fruit, mais dans le pire des cas, elle peut multiplier de mauvaises choses.
La prédication est comme un feu qui embrase et se répand. Une brindille allumée peut communiquer le feu et embraser d’autres brindilles. L’Histoire et la Bible nous montrent qu’il est possible d’embraser une foule au moyen d’un bon ou d’un mauvais feu. La passion est quelque chose qui se communique et qui contamine. Si le fond est mauvais, il y aura des conséquences négatives pour les personnes touchées. Il doit y avoir une dimension de révélation qui vient de Dieu lorsque l’on apporte un message.
Pour multiplier, et de parler aux adolescents. Il faut d’abord prêcher Jésus et la croix plus que des savoirs vivre et des savoirs être. C’est Jésus qui renouvelle en nous la Parole. Nous avons besoin de Jésus! C’est la base de tout de ce que nous faisons. Prêcher, c’est annoncer une bonne nouvelle même si on annonce des choses difficiles.
Attention au danger de la manipulation. Celui qui prêche a une position de commandement car il est seul à s’adresser à plusieurs personnes. Il est en position de force. Tous les regards sont tournés vers lui. Il doit veiller à toujours mettre la gloire de Dieu au centre de ce qu’il apporte.
Prêcher c’est placer l’auditeur devant le chemin qui mène vers la vie et celui qui mène vers la mort.
Prêcher, ce n’est pas
- Régler ses comptes personnels avec une ou plusieurs personnes en public
- Un travail scientifique et littéraire, un exercice de style, un exposé ou une recherche qui vise juste à plaire à son public
- Un one man show
- Soulager les gens de leur conscience
- Faire des clivages
- Livrer la révélation d’un autre. «Comme dit untel». Il faut parler de quelque chose que l’on a reçu dans ses tripes. Dans le cas contraire, c’est une étude et pas une prédication